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Fashion Trust Arabia au Maroc, In Fashion we should trust
07/11/2024 10:31 PMSi Marrakech s’est installée confortablement dans le podium des capitales événementielles de renommée, il n’en est pas de même pour l’industrie de la mode marocaine, qui peine à faire de ces événements une bonne raison pour tracer une stratégie claire et à la hauteur de son potentiel...
L’événement phare de la planète mode arabe, Fashion Trust Arabia, s’est tenu cette année sur les belles terres ocres de Marrakech, présidé parSon Altesse Royale la princesse LALLA HASNA et Son Excellence la Sheikha ALMAYASSA Bint HAMAD AL THANI. L’endroit et l’aura du pays dans la région sont un choix marketing et publicitaire, qui n’est pas sans rappeler le choix de Dior, il y a quelques années de cela, de tenir son défilé croisière sur le même site du palais BADII.
Si Marrakech s’est installée confortablement dans le podium des capitales événementielles de renommée, il n’en est pas de même pour l’industrie de la mode marocaine, qui peine à faire de ces événements une bonne raison pour tracer une stratégie claire et à la hauteur de son potentiel.
L’Émirat du Qatar, à travers le fonds Fashion Trust Arabia, organise chaque année depuis 2019 une compétition pan-arabe regroupant la crème des jeunes marques et designers d’origine arabe, et mobilise pour l’occasion de sa finale une armada d’influenceurs, directeurs artistiques et personnalités publiques, le tout, vous l’avez deviné, pour donner à cet Émirat un rayonnement culturel de taille, relayé sur les réseaux sociaux et par la presse internationale.
L’Émirat n’ira pas plus loin dans son engagement auprès des marques primées et n’affiche pas d’intérêt à y investir. La mode est dans ce cas considérée comme fonds de commerce médiatique qui nourrit l’agenda RP de l’Émirat déjà bien garni.
Le Maroc, en contraste à cela, représente dans la zone MENA un pays dont la richesse du patrimoine de l’habillement est mondialement reconnue, sans que pour autant ses créateurs ou marques locales puissent percer un plafond de verre de notoriété que d’autres pays comme l’Égypte ou l’Arabie Saoudite sont en train de réaliser, d’abord grâce à l’intérêt que portent leurs décideurs politiques à l’émergence de créateurs locaux, et par la suite grâce à l’implication du secteur privé dans l’encouragement de l’écosystème à travers événements, mécénat et investissement du capital risque dans les premières phases.
Cependant, le Maroc est un pays où le métier de l’habillement emploie plus de 300 000 personnes dans l’industrie de l’habillement et l’artisanat. L’émergence de marques créateurs locaux semble une évidence, mais la réalité est d’une autre couleur…
Entre l’industrie, la culture et l’artisanat, la mode marocaine est orpheline de tutelle :
Le cluster Mode du Maroc (MDFC) a pu recenser, grâce à son programme d’incubation, «Ideas Worth Stitching», pas moins de 200 marques locales, que ce soit entre Casablanca et Marrakech, toutes employant directement et indirectement couturiers, commerciaux, artisans. Toutes ces marques ne se valent pas certes, mais compte tenu de leur potentiel créatif et de scaling, au moins une vingtaine peuvent être accompagnées pour devenir de vrais champions régionaux. Ceci dit, dans l’absence totale de stratégie gouvernementale dédiée, de tutelle spécifique et de moyens, toutes ces marques doivent compter sur leurs propres moyens souvent insuffisants pour grandir, et souvent contraintes de disparaître après trois ou quatre collections présentées.
Il faut cependant saluer l’effort de l’AMDIE, dont le département Textile et cuir maintient la participation de quelques jeunes marques au salon Who’s Next de PARIS, leur permettant une connexion avec les acheteurs internationaux au moins deux fois par an, ce qui reste insuffisant pour le retour sur investissement.
De l’incubation à l’accélération au capital-risque, presque rien n’est encore fait pour la mode marocaine :
La mode est une industrie qui nécessite beaucoup de moyens, et souvent c’est au moment de la phase de commercialisation que les jeunes entreprises sont contraintes de lever des fonds supplémentaires pour pouvoir asseoir un branding adéquat, car une marque a besoin d’un effort de marketing et de relations publiques des plus considérables, notamment qu’une poignée de groupes se partagent une position de dominance sur le marché mondial. Au Maroc, les quelques marques qui réussissent à survivre sont dépendantes du marché local, adaptent leurs prix au pouvoir d’achat local, et se cantonnent à des chiffres d’affaires faibles relativement à leur potentiel. Des programmes d’incubation et d’accélération dédiés auraient pu permettre aux plus exportables d’entre elles de faire les premiers pas vers l’internationalisation et la levée de fonds.
Or le constat aujourd’hui, est que le peu de fonds dédiés à ces phases d’accompagnement , continuent à miser sur deux thématiques qui bénéficient d’un grand Sex Appeal médiatique ,à savoir le digital et la green tech , réalité couplée du syndrome des pôles positions éternels , des structures d’accompagnement présentant des milliers de référence d’accompagnement dans le digital , et qui ne laissent presque aucune chance à des structures opérant dans des thématiques industrielles ,de proposer une offre soutenue par ces mêmes fonds , une pratique si bien décrite par le vieux adage marocain : celui que tu connais et mieux que celui que tu ne connais pas .
La mode « Made in Morocco », une opportunité historique à saisir :
Comme pour tous les pays, le sport et les industries créatives, sont des Jokers gagnants pour assoir une image de marque pays solide, Si le travail semble entamé du côté Sport (au moins Football), il n’en est rien sur le rayonnement culturel de nos entreprises créatives, en témoigne le peu d’intérêt qu’a porté la presse nationale aux deux finalistes marocains de Fashion Trust Arabia 2024.
Il faut se rendre à l’évidence que nous sommes face à une opportunité historique à saisir dans ce domaine , au moment où l’AFRIQUE , relance son industrie cotonnière pour en assurer la souveraineté, et ou les métiers locaux de l’habillement sont amenés à monter en gamme ,et ou les chaines de valeurs se redéfinissent , l’opportunité de faire de l’industrie de la mode , un véritable levier économique , créateur d’emploi et vecteur culturel d’un « MADE IN MOROCCO » pérenne et symbole d’excellence .
A bon entendeur…

Meryem RACHDI
A marketing and sales manager with engineering background. Having a relevant work experience as a marketing and sales manager in textile industry, I drived many marketing projects to increase the company awareness and to improve sales in a very competitive environment. Result oriented , customer-focused and having self-starting capabilities, I am looking for exciting job opportunities and new challenges in multicultural environment.